Vin de Patrimonio : l'excellence du niellucio !

En 774, le Vatican revendique officiellement la Corse. Son protectorat fera connaître aux grands de ce monde le Patrimonio. Une fois de plus la religion catholique et la culture du terroir vont jouer la symbiose.

Le Patrimonio, mon vin Corse préféré, est d'ailleurs le premier de l'île de beauté à obtenir le rang d'A.O.C. (en 1968). 30 producteurs se partagent actuellement ce territoire béni où le labourage à la main est encore de mise. Sur moins de 400 hectares les vignes de Patrimonio s'étendent en haut des pentes de Saint Florent, où la chaleur sèche et le manque de pluie lui façonnent son caractère puissant et profond.

Le Patrimonio Domaine de Montemagni est un exemple de rapport qualité prix avec un bouquet exceptionnel dès le flairage et un tout petit prix (tellement petit que je ne m'en souviens pas).

L'oxygénation et le brisage libèrent mes arômes favoris en rouge : réglisse, cuir, fruits rouges et violette se mèlent avec délice et profilent un vin généreux et charnu. Vous l'apprécierez avec des viandes rouges ou du gibier.

Ma note personnelle : 6/10 et excellent rapport qualité/prix.


Et pour terminer cette note, rien de mieux qu'un bon vieux proverbe Corse de l'arrière pays :

"e donne e u venu scaldanu l'omu"
Femmes et vin réchauffent l'homme.

Une affaire de goût : un beau film de Bernard Rapp

Je n'apprécie pas particulièrement Bernard Giraudeau souvent un peu transparent dans des rôles trop classiques pour lui, mais là, chapeau bas ! L'acteur est au zénit de son art et le scénario taillé sur mesure, à la fois fin et délicieusement trouble. Jeu d'esthètes, une affaire de goût voit se cotoyer Bernard Giraudeau, riche chef d'entreprise passionné de gastronomie et Jean-Pierre Lorit dans le rôle de son "goûteur", sorte de bras droit de bon goût, seul à même de partager la sensibilité de son patron.

Cynique et raffiné, le riche homme d'affaires construit au grès des expériences sensibles qui jalonnent l'apprentissage de son "goûteur" un sosie à même de partager toutes ses sensibilités.
Tour à tour complice, consommateur de sensations par procuration et sadique, Bernard Giraudeau alterne les psychologies d'un personnage qui lui colle au physique. Les traits du visage, les dents, le sourire et la démarche traduisent à la perfection un scenario que Gilles Taurand a su travailler en profondeur psychologique à la demande de Bernard Rapp.
On sent un homme désemparé qui a fait le tour de l'argent, du pouvoir et de l'amour plastique et qui ne vibre plus que par l'exigence et la perfection extrêmes des mets de la table et des échanges de l'esprit.
Son dialogue avec le jeune Lorit devient intuitif, fusionnel, intelligent. Mais cette recherche de perfection est-elle raisonnable dans un monde aussi lointain que médiocre ?

Quelle belle adaptation du livre de Philippe Balland. Bravo monsieur Rapp !

PS : ce film a reçu le Grand Prix du festival du film policier de Cognac.

Rioja : à chaque âge son plaisir !

Le Rioja s'il avait été français afficherait aujourd'hui sa qualité d'A.O.C. Dans la lignée de nos fromages les plus connus et raffinés, le Rioja a grandi à l'abri des monastères comme le relate le poète Gonzalo de Berceo lors de sa retraite au monastère de Suso à San Millan de la Cogolla. C'est d'ailleurs à San Millan de la Cogolla que naquit la langue Espagnole à la fin du IXème siècle. Preuve s'il en est que la gastronomie accompagne la culture et l'intelligence des peuples comme composante essentielle du goût pour la beauté et l'harmonie du corps et de l'esprit.

Parmi les 30 "bodegas" ou caves réputées da la région de Rioja, vous pourrez, en fonction de votre dégustation ou de votre repas, vous accorder sur un vin jeune, Crianza, Reserva ou Gran Reserva.
Le Rioja jeune est vif, puissant et bu dans les 3 trois ans maximum tel un vin de table.

Le Crianza est un vin de plus de 3 ans avec un minimum de vieillissement en barrique de chêne.

Le Reserva correspond à des vins sélectionnés vieux de plus de trois ans vieillis essentiellement en barrique de chêne mais aussi en bouteille.

Le Gran Reserva correspond enfin à des vins d'exception, de grandes années gardés au moins 2 ans en barrique de chêne puis au moins 3 ans en bouteille.

Personnellement, je préfère les Rioja Rouge Reserva ou Gran Reserva à base de cépages Tempranillo, Greneche, Merzuelo et Graciano. Je vous conseille les années 1994, 95 et 2001 qui sont des must en Rioja !Côté sous-régions et terroirs à l'intérieur de la Rioja, on peut en distinguer essentiellement trois :
- la Rioja Alta sous influence Atlantique qui s'étend sur 24500 hect et qui donne naissance à des vins propres au vieillissement,
- la Rioja Alavesa sous influence Atlantique et Méditerranéenne qui produit sur 12050 des vins jeunes à boire,
- la Rioja Baja intermédiaire sous influence Méditerranéenne et sur environ 21000 hect.

La Rioja se prète parfaitement au tourisme culturel et gastronomique : une bonne idée de voyage !

Rioja : Marqués de Murrieta Ygay - Reserva

Ce rioja est bien connu en France, intéressant et abordable. Son goût noble travaillé par la maturité du vin et le vieillissement en barrique de chêne exhale des parfums raffinés de cuir et de caramel. La couleur profonde et foncée de la robe révèle elle aussi ce travail.
La région de Rioja, relativement proche de la France, est la région vinicole par excellence de l'Espagne. Historiquement, sa position sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle la fait connaître des moines qui comme nous le savons sont à l'origine d'une bonne part des produits AOC connus aujourd'hui.

La plus grande distinction des vins d'Espagne est la qualité "Qualifiée" et seuls les vins de Rioja disposent de cette distinction (équivalent supérieur de notre notion d'AOC).

Le Rioja "Marqués de Murrieta Ygay" est produit et conçu à la capitale de la région Logrono. Protégée par les chaines de Cantabrique au nord er Sierra de la Demanda au Sud, la Rioja est connue comme le "Bordelais Espagnol"...
Parker reconnait largement ces vins avec des notes supérieures à 94 pour des Remirez de Ganuza Reserva, des Artadi ou Ostatu... mais les prix... flambent.

Laissez-vous charmer par les Rioja Reserva et Grand Reserva !

Ma note personnelle pour ce Rioja : 8/10.

Capçanes : la révélation espagnole !

Pour moi, incontestablement le meilleur vin espagnol dégusté en 2004. Capçanes, c'est la relève Espagnole, la génération montante, avec force, caractère et grande finesse. Ce vin accompagnera vos grands plats, raffinés en sauces ou simplement accompagnés d'aromates.
Bref, je ne trouve rien à redire à ce millésime à majorité Grenache arrosé de soleil sur les collines d'altitude drainées car arides du Priorat.

A faire vieillir si vous en avez la patience...

Ma note personnelle : 8,5/10.

Vin d'Espagne : je suis tombé amoureux du Casa de la Ermita !

Ce vin, dans sa version 2001, est parmi mes trois dégustations espagnoles préférées de 2004 non loin du Capçanes (quand même devant) et très (trop) différent du Rioja Marquès de Murrieta, Ygay qui lorsqu'il n'est pas bouchonné (une pitié pour un vin de cette qualité) est superbe de maturité.

Ici, la maturité se mesure dans la fougue d'un vin jeune et puissant, fruité et racé alliant les fruits rouges aux tanins des grands vins. le cabernet sauvignon a tiré du soleil et de l'altitude (vignes à 700 mètres !) toute sa force pour nous ravir et nous rappeler que l'Espagne (comme l'Italie) est un grand pays du vin !

 

Viva Jumilla !

Ma note personnelle : 8/10.

Acheté sur Chateauonline aux alentours de 9 Euros.

Epoisses, affiné au marc de Bourgogne : puissance et délice !

Voilà une rencontre que je vous souhaite la plus rapide possible si ce n'est dèjà fait.
Goûter l'Epoisses et mourir...
Génial, puissant, fin, brutal, complexe, enflammé, timide et exubérant, l'Epoisses est tout cela à la fois. Cet AOC est un must parmi les must, un fromage qui déménage et laisse un souvenir et généralement une promesse, celle de revenir à Saligny, à la fromagerie de Lincet, humer la peau délicatement frippée de bourelets de l'Epoisses affiné au marc de Bourgogne. Le mariage de l'alcool et du fromage nous rappelle à quel point le travail du temps est important. Ce travail est lent, doucement lent, comme il faut prendre son temps pour entamer ce beau fromage, pour étaler cette pâte molle sur un toast bien chaud et légèrement grillé... pour fondre à son tour sous la puissance du goût et des saveurs si nombreuses.

Ce fromage s'abandonne avec celui qui le déguste... et pour attendre ce moment, on lui ajuste tout jeune un corset de bois tendre.

J'adore l'Epoisses ... et le munster n'a qu'à bien se tenir !