17/04/2006
Moulis en Médoc, finesse et raffinement bordelais
Moulis is so "Bordelais" ! aurait pu s’exclamer Lord Byron.
La réputation de cette appellation communale du Médoc – la seule qui ne borde pas la "rivière" - n'est pas surfaite. Le classement des grands crus de 1855 n'y ayant pas laissé de lauriers contrairement à Saint Julien au nord de la Jalle du Nord et Margaux le voisin sud au-delà de la Jalle de Tiquetorte, les crus se défendent seuls et s'imposent par leurs grandes qualités intrinsèques. Les Graves garonnaises et pyrénéennes donnent à la vigne une base de classe bordelaise typique que l'on retrouve plus bas sur les bords de la Garonne vers Pessac et Graves bien sûr.
L'Oratoire de Chasse Spleen a sur profiter de l'année 2000 –exceptionnelle en bordeaux rouge- pour nous livrer un Moulis de rapport qualité /prix tout à fait remarquable. Complexe, mûr sur des tons riches et fondus de cuir et de fruits mûrs. Le nez harmonieux et fumé aux nuances de chocolat prépare une bouche parfaite soutenue par la finesse des tanins. L'assemblage de Cabernet Sauvignon (70 %), Merlot (80 %) et Petit Verdit (10 %) est très réussi chez Chasse Spleen qui est un des Moulins les plus prestigieux.
Ce Château doit son nom à la mélancolie de Lord Byron qui trouva à Moulins un havre de paix loin des brumes londoniennes. Madame Castaing lance le château de Chasse-Spleen et Bernadette Villars finira le travail d'internationalisation de ce cru de grande étoffe.
Ma note pour ce second vin de Chasse Spleen : 7,5/10 et d'un très bon rapport qualité/prix. Potentiel de garde importance.
Château de Chasse-Spleen - Bordeaux de réputation internationale (source : château de Chasse-Spleen) :
Nom : Château CHASSE SPLEEN
A.O.C : Moulis en Médoc
Classification : Cru Bourgeois Classé
Grand Cru Exceptionnel en 1932
Adresse : Château Chasse Spleen 33 480 Moulis.
Tél : 05 56 58 02 37 / Fax : 05 57 88 84 40
Propriétaire : S.A du château CHASSE SPLEEN
Administrateur : Claire VILLARS
Directeur de production : Dominique LAFUGE, Maître de Chai : Jean Pierre EIZAGUIRRE, Oenologue Conseil : Jacques BOISSENOT
Superficie du Vignoble : 80 ha. Situé sur le point culminant des croupes de Grand Poujeaux
Production : 500 000 cols
Nature du Sol : Graves garonnaises quaternaires sur substrat de calcaire à astéries.
Encépagement 70 % de Cabernet Sauvignon, 20 % de Merlot, et 10 % de Petit Verdot
Porte Greffes : 101-14, 420A, 3309, 41B
Age moyen des vignes : 30 ans
Méthode de cultures : Traditionnelle ( chaussage, déchaussage, désherbage mécanique )
Vendanges manuelles
Vinification : En cuve inox et en ciment revêtues d'Epoxy avec maîtrise de température
Elevage : En barriques entre 12 et 16 mois, renouvelées à 40 % chaque années
Mise en bouteille : Au château
Nom des seconds vins : L'Ermitage de Chasse Spleen
L'Oratoire de Chasse Spleen
Caractéristique du vin : Vin ferme et charpenté de grande complexité fait pour évoluer sur plusieurs décennies.
Il présente le plus souvent un nez fumé et des nuances aromatiques de chocolat,
de cassis et de bois de cèdre
Visites : Sur Rendez-vous uniquement.
Fermé les week-ends et jours fériés.
Contact : Nathalie LEMIRE-BARBE
Langues parlées : Anglais / Allemand
Vente de vin : Pas de vente directe à la propriété
E-mail : chasse-spleen@vin-bordeaux.fr
Site Web : www.chasse-spleen.com
Notes de dégustation :
Le remarquable Chasse-Spleen produit depuis toujours des vins de haut niveau qui, depuis une trentaine d'année, sont aussi bons qu'un troisième grand cru.
R.Parker in Les Vins de Bordeaux
18:55 Publié dans Les Bordeaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gastronomie
10/04/2006
Corse Figari, cuvée MA 2003 de Jean-Baptiste de Peretti della Rocca
Je n’ai pas encore eu la chance de la déguster. La cuvée MA est par contre assez décevante même si le basique est là sur une structure de vin bien fait mais trop jeune encore – 2003 – et à la rudesse encore importante. Le cassis est agréable mais l’acidité trop présente.
Je vous conseille de monter en gamme sur ce cultivateur en favorisant sa meilleure cuvée et dans tous les cas de laisser vieillir celui-là.
19:25 Publié dans Les Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Gastronomie
09/04/2006
Saint Chinian et Faugères, stars des Côteaux-du-Languedoc
Voilà deux écrins de pépites de vins rouges vrais, naturels et puissants et aromatiques. Le micro-climat de cette région est doux, protecteur du gel tout en restant sec et très ensoleillé. Ce vin produit à partir des cépages du Sud et de préférence avec les très bons Syrah, Mourvèdre (mon préféré) et Grenache. En complément on peut également trouver les cépages Counoix, Carignan et Cinsault.
Les cours d’eau Bernazobre à l’Ouest et Orb à l’Est séparent en patte d’oie le domaine de Saint Chinian. Celui du Sud y est dominé par un sol caillouteux très draîné et aride.
Le Nord est constitué de côteaux schisteux élevés (jusqu’à 300 m) et facilement érodables. De beaux supports pour une liane svelte aux raisins très goûteux.
Saint Chinian et Faugères sont appellation à part entière depuis 1982 soit 3 ans avant les Côteaux-du-Languedoc.
15:55 Publié dans Les Languedoc | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Gastronomie
03/04/2006
Restaurant Le Pétel, face à la mairie du XVème station Vaugirard
Comme pour le monde et les vins, la tendance parisienne du restaurant n'est plus toujours aux basiques, à l'effort et au respect de la tradition.
La déco vous en donne généralement plus que l'assiette et c'est une "chance" à l'époque de la fonte des goûts et des caractères. Dans le meilleur des cas, la frugalité des mets dessine une silhouette artistique qui stimule votre regard. La cuisine joue dans les dimensions du design et des couleurs, de l'ambiance et de la sensation dépaysante. Parfois, on vous fait le plein d'exotisme, sur des cuisines d'ailleurs faussement régionales. Les teins pâles du métro ou des cartes premium de compagnies aériennes s'amusent de ces tempêtes de menus à la mode et de verres de mono-cépages "fruités", "doux acidulés", "au poivron" ou au "miel". Simplicité, fausse brutalité, étonnement éphémère, j'en ai soupé avant d'avoir passé la porte de ces palais artificiels et parfaitement segmentés.
Le Pétel, c'est tout ce qu'il ne faut pas faire au marketing du restaurant 2006 et j'aime beaucoup ça !
Le style est kitch et soigné, les chaises de bistrot parisien et les bancs de velour rouge encerclent les nappes de tissu jaunes dressées de couverts sobres et de tulipes à vin aux pieds courts.
Le bar en bois veille sur son cheptel de chaises et se rappelle de toutes ses dégustations d'anthologie.
Rouge des velours, tentures, lampadaires de tables à franges de perles et serviettes, jaune des nappes, murs et lampes d'ambiance, boiseries vernies et has been, le Pétel ne triche pas, et on s'y sent bien, comme à Paris un soir d'été.
Ici, la surprise vous cherche en face et Michel Marie, le chef des lieux, vous attaque sur votre terrain et celui de vos aieux, avec fraicheur, sur une gamme de marché et de terroir français que vous allez redécouvrir sous la griffe d'un amoureux de la belle et bonne chair.
Le chef sort de sa cuisine après avoir livré bataille avec le feu et ses poêles pour s'enquérir de votre appréciation et vous commenter avec simplicité et amitié le plaisir qu'il a eu à sélectionner le vin qu'il vous a recommandé.
La terrine de canard aux pistaches et sa compotine d'oignons apaisent avec douceur les appétits féroces et prête un beau support à un Minervois Circus Parade de Jean-Michel Cazes, difficilement nommé, mais magnifique dès le flairage sur des arômes abondants de fruits mûrs et de vanille. Je vous conseille également l'escalope de foie gras de canard et ses figues fraîches, un classique parmi les classiques sur lequel Michel Marie n'a pas peur de vous emmener.
Les tanins serrés et le velouté de ce beau Minervois m'ont engagé à poursuivre sur un pavé de rumsteak présenté en pétales épaisses grillées et saignantes à coeur, fondantes en bouche sur un coulis de tomate fort à propos. Le gratin dauphinois et la purées d'aubergine sont aussi remarquables qu'elles manquent d'originalité. Bravo Monsieur Marie !
Tout aussi soigné et classiques parmi les classiques, vous retournerez au Pétel, pour déguster un carré d'agneau délicat à la crème d'ail, un foie de veau relevé au vinaigre de framboise, des rognons de veau délicieux à la sauce moutarde à l'ancienne ou encore une magnifique entrecôte saucée à la fourme d'Ambert.
Les viandes vous feraient presque oublier la palette de thons, sandres, rougets et autres dorades assortis de faire-valoirs aux parfums d'agrumes, d'épices, d'huile d'olives ou de ratatouille.
Et au moment du dessert, vous vous direz peut-être comme moi qu'un restaurant comme celui-là, lorsqu'il vous propose du fromage ne la fait pas pour combler sa carte. Vous choisirez alors deux énormes copeaux de brebis et leur confiture de cerises noires pour finir en apesanteur votre extrait de fruits noirs du languedoc.
L'assortiment de fromages du moment joue une composition franche de terroirs, le plus souvent au lait cru sur de belles portions de Saint-Nectaire, Livarot, Maroilles et Selles-sur-Cher.
Replongez vers vos jeunes années en dégustant avec gourmandise un riz au lait à l'ancienne, un nougat glacé au pain d'épice doré ou fêtez le printemps en dévorant un croquant de fraise subtil et envolé à la crème citronnée.
Vous l'avez compris, j'ai été séduit par cette petite chapelle de la gastronomie française, humble et pleine de vérité.
Ma seule hâte, réserver un de ses 40 couverts pour découvrir plus avant les plats de saison, et une cave ciselée des meilleures régions françaises avec par exemple des Château Haut Brisson, Margaux du Château Dauzac, Givry "Maison Chanson", Beaume de Venise "Château Redortier", Côteaux du Lanquedoc "Château de la Negly", Cahors Château La Coustarelle,..
Alors, entrez pour défricher l'ardoise du maître et dépoussiérer sa cave.
Tout ici respire la bienveillance !
08:55 Publié dans Vos restaurants favoris ? | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Gastronomie
27/03/2006
Morgon, le gammay noir à jus blanc s'exprime
Sous une noble robe de rubis aux reflets violacés, le Morgon Côte de Py de Dominique Piron est l'empreinte de son terroir signée en lettres de petits fruits noirs et rouges. Le gamay noir est franc et bien dompté.
L'attaque en bouche classique du Morgon est encore amplifiée chez ce bon cru. Le nez prépare à cette force fraiche de jeunes fruits rouges.
Exit les tanins ronds et fondus, la complexité des arômes du temps (le millésime n'est que de 2004). Le Gamay est un bon véhicule du terroir - au-delà même du fruit - ici, une colline éruptive unique de vieux granit et de basalte.
Le Morgon est ce qui se fait de mieux en Beaujolais. Il surclasse sans peine ses cousins vulgaires mais ne cache rien de son cépage enjoué. Le cru 2004 de Côté du Py est une déferlante de groseille et cassis, avec une belle acidité et une structure minérale surprenante. La finale est délicieusement mentholée.
L'élevage traditionnel et respectueux de la nature transpire dans ce vin minéral, fruité, légèrement épicé et qui devrait profiter de quelques mois de garde.
Je vous conseille donc de le laisser "morgonner" comme on dit et attendre avec envie les arômes de kirsch et les impressions subtiles de sous-bois.
Ma note personnelle : 6,5 en attendant 7 / 10 dans quelques mois...
Contact : www.domaines-piron.fr
07:35 Publié dans Les Beaujolais | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Gastronomie
20/03/2006
Les Boucherts Verts (De Gronne slagtere)
Nous sommes loin d'Hollywood, des manequins siliconnés, des voitures de sport et de l'hémoglobine vulgaire.
Anders-Thomas Jensen est danois. Il décrit deux seconds bouchers, n'ayant jamais quitté les arrières salles, souvent froides, de la boucherie de leur patron tyranique. Le tableau de ces vies médiocres et vassales semble figé comme les figures aux reflets de gelée de paté de tête de ces deux lambdas de la société moderne. Svend sue au travail, Bjarne rêve d'ailleurs, et ils se retrouvent pour leur barbecue dominical, pour manger... de la viande grillée. La ville est grise et leur banlieue maussade. Vies dignes d'un ciel danois.
Pourtant Svend est ambitieux, taraudé par la volonté de faire quelque chose de son existence, quelles qu'en soient les conséquences. Que pourrait-il vraiment perdre d'aillleurs ?
Les débuts sont catastrophiques jusqu'à ce que leur ancien chef leur lance un défit.
L'art cinématographique est finement manipulé. L'atmosphère et les couleurs vont de paire dans des tons verts grisatres, ternes. Les personnages sont comme tirés d'une bande déssinée. Ils expriment à la perfection leur caractère, défauts, faiblesses mesquines, en fait leur humanité, leur chaleur intérieure, parfois étourdie par leur volonté de changer le destin, souvent tout simplement bonne.
Svend a une chemise à manches courtes et à losanges gris, une cravatte grise trop courte au noeud insignifiant et un pantalon gris-bleu à soufflets sans ceinture. Son front lui mange le visage et son crane chauve à moitié semble le prolonger jusqu'à la perpendiculaire.
Les clients ont le teint vert de gris sous des chapeaux de vieilles ridicules de mauvais goût et des manteaux de vieux tristes comme leurs pensées.
La puissance du film au-delà de l'humour, de la prouesse de réalisation et d'acteurs, réside dans une morale qui manque souvent à nos générations : croire en soi, travailler et faire les choses avec passion. Svend est un fou de boucherie, Bjarne croit suffisamment en lui pour le suivre très loin, le succès n'a besoin d'aucun autre apparat.
Vivre avec passion, croire en soi, faire les choses avec un soucis d'exigence permanente... Film à voir, incontestablement.
08:45 Publié dans A voir, Zorreurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Gastronomie
06/03/2006
Vin jaune, côtes du Jura, cépage savagnin
Le Jura est un pays rude qui ne faillit pas à la tradition de se mériter. L'excellence prend le temps de s'affiner. 6 ans et 3 mois exactement !
C'est la clef de décriptage des 62 cl qui composent ce précieux patrimoine viticole jurassien. En effet, 62% du vin seulement persiste à l'évaporation au travers des tonneaux de bois et rejoindra enfin les "clavelins", ces bouteilles là aussi uniques, courtes en hauteur, au col large et à la couleur jaune doré.
Mais avant cette fin commerciale, il faut prendre le temps organique, celui de l'élevage vivant d'un vin parfaitement incomparable, un "never seen before", trop "spécial" pour les goûts asceptisés modernes, mais forcément troublant. Cette expérience unique, vous la devrez à des levures anaérobie, les "sacchromyces oviformis", qui au terme d'une fermentation lente et totale viennent se développer à la surface des cuves pour oxyder doucement le vin. Cette technique propre au Jura et à son climat apporte au vin un parfum et un goût très affirmés, très sec, vieillis, de noix et amandes encore vertes et croquantes, d'épices. L'acidité est importante et donne à ce vin une vigueur incroyable.
Le vin jaune, on aime ou pas, mais on n'y reste jamais indifférent. Sa robe "vieil or" est limpide et annonce sa pureté. Le flairage est incroyable et vous sèche les narines au sens propre comme au figuré. Très spécial, dans les tons de noix, de bois, très pur et comme sorti d'un désert avec ses seules qualités intrinsèques portées par une teneur alcoolique forte et parfaitement intégrée aux arômes. Mais non, il ne s'agit pas d'une eau de vie, 14° "seulement".
La bouche pour une fois avec un tel nez est complètement à la hauteur et confirme. Le vin jaune est relativement rond sans être moelleux, boisé, sur les tons de noix et de fruits secs. La tenue en bouche est très surprenante.
La dégustation est conseillée à 16° en apéritif, sur des plats exotiques, de la viande blanche ou du poisson en crème et sur le fromage.
Potentiel de garde : 100 ans ! Vive le Jura pour ce joyau, vive la France pour son éclectisme !
Contact : http://www.jura-vins.com/
08:00 Publié dans Les Jura | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Gastronomie