Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/07/2006

Olé ! Gérard Depardieu, Gad Elmaleh et Sabine Azéma

medium_ole-gerard-depardieu-gad-elmaleh.jpgJe vais rarement au cinéma et parfois je me dis qu'un peu de fraîcheur en grand écran ébranlerait mon quotidien pour de bon. Pas avec Olé ! en tous cas...

 

Gad Elmaleh semble écrasé par le monstre Depardieu et donne l'impression, faute de sur-jouer, de ne pas être à son aise dans ce rôle, sensé au départ, puis rendu grotesque par un scénario forcé. Tout part bien et l'on se dit que les ingrédients sont là, comme dans une affaire de goût pour une histoire fine, sensible, sur les rives de la pensée et de l'épiderme. Gad alias Ramon - ou Pedro - est le chauffeur d'un grand patron - Gérard - qui allie goût pour le golf, la cuisine et les cigares à la classique maîtresse - rue de Spontini - d'un couple usé dans lequel Sabine Azéma joue très bien l'épouse hypocondriaque précieuse.

 

Florence Quentin n'est pas Bernard Rapp, Gad n'est pas Giraudeau et ce film est globalement une tarte à la crème grossière, lourde, indigeste. Les caricatures étouffent et les blagues ne sont pas drôles. On reste pour espérer une perle cinématographique autour de ce duo prometteur. La sortie alcoolique des deux garçons dans une gargotte espagnole donne espoir. On se prend à frissonner en voyant Depardieu accoutré d'une nappe blanche à carreaux rouges autour du coup dansant le flamenco avec Gad, mais au bout de trois prises d'angles différents et des trois cambrures de rein des partenaires, on devine qu'il n'y a plus rien à espérer. Pas plus lors de la leçon de danse de Ramon et sa femme dans leur palace andalou. Le scenario est vide, on ne regardera pas le making-off si tenté que quelqu'un ait eu la mauvaise idée d'en loger un sur le Dvd.

 

On ne retiendra pas non plus les dérapages de Depardieu en Harley Davidson dignes d'un Camping ou autre film bas de caisse.

 

Bref, ces deux là auraient gagné à refuser tant de platitude pour se concentrer sur une histoire humaine, saisissante, pourquoi pas décalée, comme le sont ces deux acteurs. L'argent est un vice lorsque l'on s'appelle Depardieu, Depardieu est un vice lorsque l'on s'appelle Gad Elmaleh. On peut comprendre l'envie du gamin, mais pas l'appétit du monstre du cinéma.

 

Un film que seul Le Parisien est en mesure d'apprécier.

 

Ma note : 0,5/10. Vivement le prochain Sofia Coppola !

04/06/2006

Lost in Translation, Sofia Coppola joue échec et mat avec votre sensibilité

medium_lost-in-translation.jpgJ'ai la - mauvaise - habitude de dire que si un long métrage ne vous atteint pas dans les quinze premières minutes, il ne vous atteindra plus. Lost in translation est un film d'une finesse inouïe qui parle en direct à votre coeur, votre âme, votre sensibilité. Le rythme est lent et frôle l'ennui, celui là même que les écrivains romantiques du XVIIIème siècle (et début XIXème) comme Chateaubriand attendent pour sonder le vrai bonheur.

Ce film se déguste, avec patience et détail, avec douceur et intuition, avec la pensée, par les attitudes plus que par les dialogues.

Car tout est vulgaire, superficiel et absurde dans la brutalité mécanique de la société japonaise moderne. Ce pays de mauvais hasard où se retrouvent quelques occidentaux en transit, entre deux missions et deux avions. Les personnages sont faussement simples et ressortent magnifiquement dans un contraste de sur-consommation aliénante. Les pépites cinématographiques se succèdent, Sofia nous capte avec classe et enchaine les clins d'oeil géniaux. Je retiens la scène de la piscine où Bill Murray fait ses longueurs en compagnie d'un groupe d'aqua-gym motivé "à bloc". Les respirations de Bill alternent des plans aux sons forts et clairs avec nouvements de bras du groupe et les plans à sons sourds avec gigotements ridicules des jambes du même groupe. Que dire des multiples scènes d'over-dose technologique ou de zapping télévisuel monstrueux. Les programmes nippons semblent pires que ceux des chaînes allemandes.

Et tout ceci s'enchaine au Japon plus qu'ailleurs dans un rythme déshumanisé, autonome, qui broie les hommes et les âmes.
Egarés, ébêtés dans ce mouvement perpétuel sans sens, deux êtres se croisent sur une fréquence basse : Bill Murray est un vieil acteur qui tourne une pub aux poses ridicules et aux couleurs d'ice tea aux glaçons de plastique pour le lancement d'un wisky au Japon ; Scarlett Johansson est une jeune étudiante, qui accompagne son mari, adepte de la "branchitude est une fin en soi".
Elle est nature, intelligente, a le charme pur de la jeunesse. Il est fin, poli par la vie et désabusé par la routine.

La suite est un jeu d'esprit, de maîtrise, de bonheur, d'intuition, follement d'intuition.
Les mots sont banals car encore de trop.
Leurs regards vous transpercent.

Scarlett a la beauté du bonheur qu'elle traverse. La présence de l'autre suffit.
Le temps est assassin mais magnifie ces secondes comme autant de jours intenses où la vie n'a pas de prix, où la vie n'a pas de prise.