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28/11/2005

Pommeau de Normandie, Jean Fauvel est un must

medium_pommeau-de-normandie-2.jpgLa pomme me laisse des souvenirs contrastés, mais une AOC rétablit souvent l'ordre des valeurs. Jean Fauvel a fait ici un emblème de ce que la pomme sait le mieux exprimer entre le Cidre exubérant et le Calvados souvent étalonné sur ses cousins rivaux issus de la liane à grappes. Le Pommeau de Normandie est frais, dynamique, profond, secret, gourmand et bien élevé. Sa robe magnifiquement ambrée laisse paraître de belles larmes grasses et généreuses. Le nez est agréable, la mise en bouche progressive et finalement épanouïe de tons cuivrés de pommes cuites et de caramel.

Le petit dépôt nous laisse imaginer le travail de vieillissement en fûts de chênes. Il faudra au moins 14 mois d'élevage et une fine sélection parmi une trentaine de variétés de pommes pour assembler les bons jus à cidre et les bons Calvados.

J'avoue n'y avoir plus pensé très longtemps et m'être laissé aller à le re-déguster jusqu'à la lie.


Je vous conseille cet apéritif original et distingué à servir entre 8 et 10°C. Pourquoi pas sur une entrée fruitée ou du foie gras, mais cela n'est pas à mon goût.

Jean Fauvel maîtrise son art, alors profitez-en !

Ma note : 8,5 / 10 au moins.

08:10 Publié dans Apéritifs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Gastronomie

19/11/2005

Les bateaux parisiens vous invitent à savourer Paris

Une croisière nocture a la beauté de l'éphémère, cette faveur d'Ulysse qui reflète la grandeur d'un moment, d'une âme, d'un environnement. Privilège des amoureux pour qui les mots sont des prisons, et l'espace un infini, la croisière traverse le temps, gravée dans le coeur et dans les yeux. Le regard de l'autre, des sourires, les lumières d'une cité d'exception, rayonnante dans la nuit, et puis ces quelques copeaux d'accords de violon, comme éparpillés sur la trace fluide de cette flute de verre et de métal. Les sens s'accordent aux sensations, et l'intuition tue la raison. On aurait compris le sacrifice de l'éternité pour ce moment aérien, insaisissable, ivre de finesse et d'accords. Ce moment de vie intense, naïve, joyeuse et consumante. Stan Getz s'est pris à hanter une violoniste gracieuse, aux traits élancés et drapée de noir. Elle vient du Sud et ses notes exhalent les rythmes latins. Melhi et son archer tournoient dans les couleurs pourpres et noires étoilées de la croisière. Claude y aurait vu les ricochets d'une bulle de jazz sur la Seine.

medium_bateaux-parisiens.jpg

Le service est fondu dans ce décors pur et chaleureux à la fois, structure transparente de bois, metal et verre, moderne et délicieusement classique. Le Chardonnay du pays d'Oc donne toute sa rondeur, sa jeunesse fruitée et ensoleillée sous les tons de tilleul et les zestes mentholés. Mais jamais il ne cède à la facilité ! Sec, minéral et tout en ondulations grasses et gracieuses. Le Chateau du Moulin de Bahon, quoique grand Bordeaux rouge, en a perdu le rythme, délicat et doucement rapide des variations sud américaines. Qu'importe, le blanc est bon ce soir ! Il rayonne comme de l'or !

Les entrées se bousculent en manège de senteurs et de couleurs. Ici un cappuccino de potiron et son écume de châtaigne. Là une Lasagne de gambas "papillon" au fenouil confit. Et pourquoi pas un gâteau frais de homard avec quelques courgettes et tomates confites. Je laisserai les Rondins d'escargots de Bourgogne au basilic et porto à une autre escapade. C'est décidé, le classique gagnera encore ce soir : triangle de foie gras de canard, ses petits soufflés de citron vert jaunis et ses coins de pain d'épices.

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Melhi s'est arrêtée. Elle tient son violon sur la ligne verticale et écoute avec implication l'envolée d'un Ave Maria divinement féminin. Le duo s'établit finalement et l'on croise Notre Dame de Paris.

Ce Chardonnay est une providence. Il me fait oublier un apéritif vulgaire et un rouge trop sûr de son seul nom. Il eut été facile de pencher pour les Noix de Saint-Jacques poêlées et ses asperges vertes au beurre blanc, mais je vais jouer la note du Sud et de la saveur simple avec un gourmand de veau à la plancha et sa jardinière de légumes dans une petite courgette ronde drôlement chapeautée. C'est une merveille de goût et de fondant. Le cabillaud "has been" avant d'avoir été à la mode dans mes assiette est resté en cuisine. Le magret se réserve aux tables plus communes et le steak d'agneau rôti se dispute avec le pavé de boeuf au poivre maniguette la raison de ce désaveu.


Le fromage relance les airs corsés d'une Piaf tellement Parisienne ce soir.

medium_bateaux-parisiens-2.jpgMais le mi-cuit chocolat est presque de trop. Nous voilà arrivés, "ad satietatem". Le phare bleu s'est paré d'étoiles scintillantes. Un goût de laurier et de serpolet sous la glace de chocolat blanc : quelle invitation au voyage ! Quelle folle croisière ! Eiffel nous attend. Il est tant de rentrer, dans une seconde, un moment, une note, une éternité...

13/11/2005

Vin Argentin, régions de la Salta, de la Rioja, de San Juan, de Mendoza et du Rio Negro

medium_argentine-region-viticoles.pngLes immigrants italiens, espagnols et français ont importé les cépages français - aussi européens - et la culture du vin en Argentine. La consommation aux alentours de 45 litres annuels par habitant est encore la marque de cet héritage. Mais c'est surtout l'avènement du train dans les régions de Mendoza et de San Juan qui aura permis au siècle dernier d'exploiter ces terroirs propices à la vigne avec rendements à destination de Buenos Aires. A cette époque et encore trop souvent aujourd'hui, la production viticole est massive, contrairement à celle du Chili qui - à son avantage ? - n'a pas eu l'occasion de populariser la consommation du vin réservée à l'élite et donc vouée à la seule qualité.

Le vignoble argentin va donc progresser en surface de façon ininterrompue avec un plus haut à la fin des années 70. A partir de 80, l'arrachage commence jusqu'aux années 2000 et plus de 15% des vignes disparaissent au profit d'un replantage sélectif.

Les grandes provinces de vin sont au nombre de quatre du Nord au Sud - sur les 23 que comptent l'argentine - : la Salta et sa vallée de Cafayate, la Rioja et sa vallée de Famatina, San Juan et sa vallée de Tulum, Mendoza la géante et enfin la vallée du Rio Negro ou région patagonique.

La Salta est connue pour sa vallée de Cafayate, entourée de chaînes montagneuses et propulsant la vigne vers les 1700m d'altitude et plus ! Le soleil nourrit le raisin plus de 300 jours par an et l'amplitude thermique de près de 18°C assure une agriculture des plus naturelles. Le micro-climat de la vallée de Cafayate est propice à l'élevage du cépage Torrontés, mais également du Cabernet Sauvignon, du Malbec, du Syrah et du Chardonnay en blanc.


La région de Rioja est optimale pour le vin : altitude supérieure à 1 000 mètres, apports alluvionnaires, soleil et très faible humidité. La vallée de Famatina se situe entre le Maciza del Velazco à l'Est et le Nevado de famatina à l'Ouest. Le cépage de table classique est le Bonarda. Le Torrontés est également cultivé mais son expression est très différente à celle obtenue dans la région de la Salta. Le Cabernet Sauvignon, le Syrah et le Chardonnay arrivent également dans cette région.

San Juan, au sud de la Rioja, est une région viticole populaire dans tous les sens du terme. A 600 mètres d'altitude, sur des sols enrichis par les apports sablonneux alluvionnaires, les vins de table grandissent avec noblesse et les vins de classe commencent à percer. Le Syrah est roi et sa concentration aromatique ajoute à la structure et au corps de ses vins cette dimension que l'on connaît aux Côtes du Rhône.

Si vous aimez les vins racés et puissants, élevés à partir de cépages français, vous tomberez statistiquement sur un vin Malbec pur ou Malbec + Cabernet Sauvignon de Mendoza - en rouge sur la carte - qui avec ses 145 000 ha représente 70% du vignoble argentin. Zoomons sur Mendoza, la géante :

  • La zone haute du Rio Mendoza couvre 23 500 ha entre 650 et 1100 mètres d'altitude et privilégie les cépages français : Malbec, Cabernet Sauvignon, Merlot et Syrah,
  • Uco au Sud-Est de Mendoza est la plus petite zone de Mendoza - 8 100 ha -. Elle mise sur la haute qualité et l'exportation, toujours dans les cépages de classe française. Les caves en forte progression sont parfois tenues par des spécialistes français du vin,
  • La partie Sud de Mendoza travaille les cépages Chenin et Bonarda sur 26 200 ha et plus de 240 caves !
  • La partie Est est la géante aux 71 000 ha et plus de 480 caves. Le rouge affectionne le Bonarda, tandis que les cépages blancs et rosés sont axés Pedro Ximenes et Cereza,
  • La zone Nord de Mendoza produit des vins de faible altitude autour des cépages blancs de Chenin, de Pedro Ximenes, Ugni blanc, Torrontes et ce sur près de 15 000 ha.

Les vins de Mendoza sont généralement soumis à un vent puissant et incessant sur les contreforts de la cordillère des Andes. Ces vents soulants sèchent les sols et l'atmosphère éloignant par là même les maladies. Les vins ainsi produits sont "organiques" ; ils ne nécessitent pas de traitement chimique particulier.

Enfin, les amplitudes thermiques de l'automne y sont importantes et favorisent la concentration lente et magique des sucres, de l'acidité et des arômes.

Les caves les plus connues de Mendoza sont : Ruca Malen, Navarro Correas, Trapiche, Félix Lavaque, López, Valentín Bianchi, San Telmo, Escorihuela, Cavas de Weinert, J&F Lurton, Flichman, La Rural, Norton, Lagarde, Nieto Senetiner, Goyenechea, Chandon.

Plus au Sud de Mendoza, se trouve la région de la vallée du Rio Negro ou région patagonique qui produit tant de vins pétillants à partir du non moins fameux Semillon. Le Pinot Noir et le Merlot disposent également dans cette partie de Mendoza d'une bonne acidité.

18:39 Publié dans Argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Gastronomie

07/11/2005

Yauquén : Cabernet Cauvignon et Malbec Argentin

medium_yauquen-argentine-malbec.jpgLes vignes de la bodega Ruca Malen sont soulées par le vent de la Cordillère des Andes - exactement la cordillère de Eux Marches - et gorgées du soleil Argentin. Rudesse et générosité naturelle sur une terre de vin. C'est à plus de 900 mètres d'altitude que sont venus s'installer Jean-Pierre Thibaud et Jacques-Louis de Montalembert qui outre leur production personnelle, négocient avec quelques propriétés environnantes de qualité. Nous sommes dans la première région viticole d'Argentine par ailleurs cinquième producteur mondial avec 5% de la production mondiale après la France, l'Italie, l'Espagne et les USA. La région phare argentine est Mendoza.

Mendoza, au centre sud du pays, c'est 70% de la production nationale et 145000 ha de vigne ! Parmi les quatres zones de production - zone haute du Rio Mendoza et ses 23500 ha, Uco au sud-est de Mendoza avec 8100 ha, la zone sud et ses 26200 ha et celle de l'Est avec 71000 ha - Ruca Malen a choisi l'écrin du Malbec : la région haute du Rio Mendoza, plus exactement la zone viticole d'Agredo y Perdriel.


Jean-Pierre Thibaud et Jacques-Louis de Montalembert sont manifestement des esthètes et de vrais amoureux du très bon vin, celui qu'on boit à petites gorgées et qu'on a la sensation de manger. Ils ont composé ce "Yauquén" - qui signifie "partager un verre" - comme des artistes qui n'auraient plus rien à prouver, qui sont en pleine possession de leur art et qui souhaitent faire partager une sensation.

Messieurs, Bravo ! Je suis certes un grand fan des vins puissants du Sud, des cépages turbulents comme le Malbec, mais en toute indépendance, je vous le dis, voilà deux jours que je mange ce vin et que la bouteille semble ne pas descendre. Ce vin est plus que charpenté, il est en chair et l'oxydation lui va à merveille. Quelques éléments factuels : 60% de Malbec - mon cépage chéri du Sud-Ouest de la France - pour l'explosion en bouche, la puissance et la robustesse, 40% de Cabernet Sauvignon, pour la finesse et la complexité, le tout avec une teneur alcoolique de 14,8°, oui vous lisez bien ! Vous comprendrez qu'on ne boît pas ce vin et qu'il n'est pas nécessaire d'en avoir quantité dans son verre pour l'apprécier. Il ne manque pas de soleil, vous en êtes désormais assurés. La rudesse des vents, l'air pur et vivifiant de la Cordillère ajoutent à cette terre riche en minéraux les ingrédients de vins exceptionnels. L'élevage passe par 7 mois dans des fûts de chênes français - 70% - et américains - 30% -.

Avant de déguster je vous conseille fortement de carafer pendant au moins une heure. Lorsque j'ai "re-"goûté ce vin le lendemain du débouchage, les notes de fruits rouges sont passées de pâte de cassis et prune à pruneau et mûre confites avec des tons de cuir. Ce vin est à la fois vif et compoté, charnel sans jamais céder à la facilité du sucré.

Le potentiel de garde est bon et la dégustation sera optimale dans deux à trois ans. Si vous avez le courage d'attendre jusque là !


Ce vin est sélectionné par le GaultMillau septembre 2005
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Ma note personnelle pour cette belle découverte - la bodega et le vin - pleine de potentiel : 8/10 et plus pour l'originalité !


Prix de la bouteille en France : 7,5Euros.

medium_ruca-malen.jpg

L'Argentine du vin est souvent marquée par les volumes et la médiocrité, Ruca Malen représente la nouvelle vague, celle qui - comme en Languedoc Roussillon ou en Ardèche - prend le meilleur de son terroir et bouleverse les règles locales pour le reste.


Vive la créativité, vive le travail bien fait, la rigueur, l'effort, la passion, l'intelligence qui font naître la qualité et révèlent ces terroirs naturels bénis !

08:15 Publié dans Argentine | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Gastronomie